Mot du Maire
Novembre 2024
Mais qu’est-ce qui presse tant ?
Aux séances du Conseil nous avons la chance de débattre et d’avoir des échanges sur de multiples questions avec nos citoyens. Une question nous revient trop souvent: la vitesse de certains de nos citoyens dans nos rues. Non, ce ne sont pas tous des étrangers. Ici, comme ailleurs, il est démontré que ce sont bien souvent nos voisins qui ont le pied lourd. Mais qu’est-ce qui presse tant ? Pourquoi est-ce important de réduire sa vitesse moyenne de 50 km/h à 30 km/h ?
Pour bien répondre à cette question, regardons la force du choc entre un véhicule et une personne. Pour mesurer l’impact de la collision, on va recourir aux lois de la balistique que nous avons apprises au secondaire. Il est bien évident que la puissance du choc et les dommages conséquents augmenteront avec la vitesse. Toutefois, cette puissance ne sera pas linéaire, mais exponentielle 1. Prenons une voiture standard avec un poids de 2 000 kilogrammes. Elle roule à une vitesse de 50 km/h (ou 13,9 m/s) sur la rue des Saules, comme on voit fréquemment sur nos rues. En cas de collision avec un piéton, ou un cycliste, quelle sera la force de l’impact en kilogrammes ?
Les lois de la balistique ne mentent pas : la force sera l’équivalent de 20 316 kilogrammes, soit 10 fois son poids en arrêt. Autrement dit, une auto, en mouvement, aura une énorme force de frappe ! Le piéton, le cycliste ou l’enfant auront très peu de chance de survie. La probabilité d’un décès est de 75 %. À 30 km/h, on réduit cette probabilité à 10 % ! Une bonne différence. Aura-t-on le temps d’éviter le drame ? À 30 km/h, la distance d’arrêt est de 30 mètres. À 50 km/h, elle augmente à 62 mètres, soit 203 pieds. Quasiment impossible d’éviter la collision.
On vit en campagne, pas à Montréal. Nos rues sont autant des voies de circulation automobile, que des pistes cyclables ou des allées pour piétons. Le partage, la sécurité et la politesse s’imposent. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. La sécurité routière relève principalement de la Sureté du Québec. Régulièrement notre direction avise nos policiers des lieux et des comportements en infraction. La municipalité joue aussi un rôle. Elle agit sur les paramètres qu’elle contrôle : la signalisation et les ralentisseurs. Nos limites de vitesse sont toutes à 30 km/h; on installe régulièrement 4 dos d’âne et 8 balises au centre des rues; 2 radars pédagogiques de mesure de la vitesse, et ce pour moins de quinze kilomètres de rues et route.
Mais qu’est-ce qui presse tant ? Honnêtement, je n’ai pas la réponse. L’habitude … l’insouciance ? Un psychologue français, Dominique Ducamp , a étudié le phénomène de la vitesse chez les individus. Dans plusieurs cas, il y voit une forme de drogue légère, un effet excitant, surtout chez les hommes. La vitesse en automobile donne un sentiment de pouvoir, de puissance et de dépassement. Augmenter le nombre de ralentisseurs, ce n’est pas exclu, en revanche, je dois vous avouer qu’il est difficile de lutter contre l’effet dopant et l’amour de la vitesse. Oui, on doit continuer d’être vigilant, de se questionner sur les meilleures stratégies, de faire des rappels, mais surtout d’en parler avec ses voisins.
Avant qu’un drame arrive, ralentissez. Il en va de notre sécurité et de la vie de nos enfants.
René Allen, maire
1Le calcul de la force se mesure avec la formule suivante : EC = ½ M x V2 . EC = force en Joules, M = masse en kg, V = vitesse en m/s et on divise par 9,81 pour transformer la force de Joules en kilogrammes